L'ancienne route du thé et
des chevaux n'est peut-être pas aussi connue que la Route de la Soie, mais elle
n'en est pas moins mythique ! Depuis le Yunnan et le Sichuan, des petits
sentiers se perdent dans les plus hautes montagnes de Chine pour atteindre les
hauts plateaux du Tibet et la ville monastique de Lhassa.
Du thé contre des chevaux
Mais d'où
vient ce nom de "Cha Ma Gu Dao 茶马古道", soit
route du thé et des chevaux ? Cette histoire remonte au VIIème siècle, avec le
mariage de la princesse chinoise Wencheng au roi tibétain Songtsen Gampo. C'est
la princesse Wencheng qui aurait introduit le bouddhisme chan au Tibet mais
aussi le thé ! Ce breuvage aux vertus bienfaisantes connu vite un grand succès
auprès du peuple tibétain. C'est ainsi que l'import du thé chinois,
et notamment le thé fermenté Pu'er, fut lancé au Tibet. Les Chinois, qui,
quelques siècles plus tard, eurent grand besoin de chevaux pour l'armée
impériale (afin de lutter contre les incursions mongoles), sautèrent sur
l'occasion pour échanger leur fameux thé fermenté contre de vigoureux chevaux
tibétains. C'est ainsi que naquit la route du thé et des chevaux dans l'ouest
du territoire chinois.
Tout comme il
n'y a pas une Route de la Soie mais des Routes de la Soie, il existe plusieurs
routes du thé et des chevaux. On retiendra principalement que les briques
ou galettes de thé fermenté étaient transportées par des caravanes sur 2
400 à 2 600 km depuis le Yunnan et le Sichuan vers le Tibet et le
sud-ouest de la Birmanie. Au Yunnan et au Sichuan, cette route du thé et des
chevaux n'était en fait qu'un sentier de terre reliant différent village. Mais,
pour atteindre le Tibet, il fallait parfois passer des cols à plus de 5 000 m
d'altitude. Autant dire que le voyage jusqu'à Lhassa n'était pas facile et très
périlleux !
Dans la
région du Yunnan,
la route prend est origine au sud de la province, dans les environs du village
de Pu'er (anciennement nommé Simao). Cela n'a rien d'étonnant puisque c'est
dans les environs de Pu'er qu'est cultivé l'un des thés fermentés les plus
appréciés des Chinois et des Tibétains, le thé Pu'er.
Les sentiers muletiers partaient ensuite vers le nord du Yunnan et la frontière
avec le Tibet. Dali, Lijiang et
Zhongdian (également connu sous le nom de Deqin ou
encore Shangri-La)
étaient alors des carrefous importants sur cette route. Mais des villes et
villages plus petits étaient également sur le chemin et profitèrent du commerce
sur cette route pour se développer et s'enrichir pendant plusieurs siècles. Ce
fut le cas de Baoshan, Weishan, Shaxi, Jianchuan, Yuhu, Shuhe,
Wenhai et bien d'autres.
Au Sichuan,
c'est à Ya'an que la route du thé et des chevaux commence. Arrivée à
Kangding, à plus de 3 000 mètres d'altitude, la route se sépare en deux ; l'une
part au nord de la province du Sichuan alors que l'autre trace directement
au travers des montagnes. Les deux routes, ainsi que celle du Yunnan, se
retrouvent à Chamdo, dans le Kham tibétain. De là, ce n'est plus qu'une
route du thé et des chevaux qui traverse la haut plaine tibétaine et les monts
gigantesques du Tibet, et ce, jusqu'à Lhassa.
Ces routes du
thé et des chevaux ont servi non seulement au troc du thé chinois pour des
chevaux tibétains mais aussi au troc de bien d'autres denrées et animaux.
L'ensemble des villes et villages traversés par cette route ont vu leur
commerce se développé. Et pour cause, bien que ce furent les Chinois et les
Tibétains qui commencèrent à emprunter cette route, des peuples de toute l'Asie
Centrale vinrent ensuite utiliser ce passage. Les cultures, les religions, les
biens culturels et bien d'autres choses transitaires dans ces parties reculées
de Chine.
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